Toby Driver est un guitariste et artiste new yorkais, avec son groupe de métal expérimental Maudlin of the Well, il enregistre trois très bons albums à la fin des années 1990 et au début des années 2000, en 2003 il décide de créer Kayo Dot afin de suivre son évolution musicale, la même année sort leur premier album Choirs of the Eye.
Signé sur le label Tzadik de John Zorn dédié aux musiques klezmer, jazz et expérimentales, Choirs of the Eye est l’un des disques les plus intéressants de cette décennie, une œuvre totale, un véritable creuset d’influences.
Choirs of the Eye est radical et sans concessions, c’est un disque exigent et difficile à appréhender. Il est toujours très intéressent de regarder de près la manière dont un album commence, ici c’est sur un accord de guitare saturé et une rythmique lourde, les cinq première minutes sont assez éprouvantes et déconcertantes, c’est une sorte de mise l’épreuve de l’auditeur, une façon de lui dire qu’il y a quelque chose d’incroyable dans ce disque mais qu’il va falloir s’accrocher pour y accéder. Kayo Dot ne ressemble à rien de connu, Toby Driver mélange les influences et les genres tout en gardant une réelle unité et une fluidité. Si cet album appartient définitivement à la grande famille du rock, on se retrouve entre la folk, la pop, le psychédélisme, le jazz, le blues, la musique contemporaine, le métal extrême! Mais il ne s’agit pas d’un simple collage, ici le groupe prend le temps de développer de longs morceaux (il y en a cinq qui durent de six à quinze minutes), et d’installer des atmosphères, le rythme est plutôt lent dans l’ensemble même dans les passages plus énervés, Driver n’hésite pas non plus à utiliser les silences comme au début de "The Antique" ou dans "Wayfarer". Cette diversité musicale se retrouve aussi dans les orchestrations avec des instruments comme la clarinette, le saxophone, les cordes; tout est utilisé brillamment.
La musique de Kayo Dot est plutôt sombre et mélancolique sans jamais tomber dans le pathos, les moments éthérés et lumineux s’opposent aux passages oppressants et désespérés. Ce qui frappe dès le départ c’est à quel point cet album se rapporte au rêve, notamment dans la construction des morceaux et la façon dont les climats peuvent changer du tout au tout. On passe d’une douceur irréelle (comme au début de "Wayfarer") à des moments plus inquiétants (rappelant Ligeti) ; Driver a expliqué qu’il envisage sa musique comme une sorte de voyage spirituel, et qu’il place donc le rêve au cœur de son écriture musicale et sa création artistique. Dans "The Manifold of Curiosity" le point culminant de Choirs of the Eye, la musique est tout d’abord calme avec quelques touches de jazz, puis le morceau passe par un genre de psychédélisme qui aurait perdu ses couleurs vives pour finalement terminer par une apocalypse bruitiste, on a l’impression de glisser petit à petit du familier à l’étrange pour finir dans le cauchemar.
Le groupe a sorti trois autres albums plus expérimentaux et avant-gardistes, qui ont parfois déçu les amateurs de ce premier disque, mais Driver a toujours cherché à faire évoluer sa musique et ce n'est pas prêt de changer.
très beau!
RépondreSupprimerj'avais pas entendu un si beau morceau de jazz(si on peut dire)depuis longtemps
super blog!
merci
Merci Beaucoup pour cette découverte !
RépondreSupprimerJe porte une grande affection pour le R.I.O. ,je serais très intéressé de pouvoir lire votre thèse sur le Rock In Oppostion .
Est-elle éventuellement disponible par quel moyen que ce soit ?
Merci